Il est ma force et ma joie

Au mois d'avril dernier, lors d'une visite de contrôle, le radiologue a vu une masse sombre à mon sein droit. Ccilia_D

L'oncologue, ne voyant pas ce que c'était, pensait que c'était un kyste mais, par précaution, m'a conseillé de faire faire une biopsie. En attendant les résultats de la biopsie je suis partie comme prévu pendant les vacances de Pâques pour un court séjour chez des amis en Angleterre, sans me soucier le moins du monde des résultats à venir. Après mon retour, à un moment donné, pensant à la possibilité éventuelle que ce soit une tumeur maligne, j'ai prié Dieu en lui suppliant que ce ne soit pas un cancer, en lui disant que je n'avais pas la force de faire face à cela, de passer par là.

            Je ne m'attendais donc pas du tout à l'annonce qui m'attendait lors de ma prochain visite chez l'oncologue. « Madame Domenjoud, vous avez un cancer, nous allons vous opérer et faire une ablation du sein, vous aurez de la chimiothérapie et vous aller perdre vos cheveux.... » m-a-t-il dit, texto. Inutile de vous dire qu'en entendant cela, j'étais complètement sonnée, j'avais le souffle coupé. Il m'a parlé longuement, et très gentiment, de la suite des événements, des examens qu'il fallait faire faire, de l'opération, mais je n'entendais rien de ce qu'il disait, je n'avais qu'une envie, de me sauver en courant de son bureau. On m'a gardé pendant une heure pour m'expliquer la situation, pour fixer la date de l'opération et les examens à faire. C'était la seule fois où je suis allée seule à un rendez-vous à l'hôpital, les autres fois j'étais toujours accompagnée par une ou des amies (d'ailleurs je les remercie pour leur disponibilité dans un moment si critique). En sortant c'était comme si mon monde s'était effondré, et je me suis demandé si je devais pleurer, crier...

             Mais en montant dans ma voiture, je me suis dit que le chirurgien m'a annoncé tout de go ce qui allait m'arriver, j'avais pris tout cela en pleine   figure, mais en fait on allait d'abord faire une série d'examens, ensuite, deux semaines plus tard, j'allais être opérée, six à huit semaines après l'opération on allait commencer les séances de chimiothérapie qui allaient être espacées de trois semaines.... donc j'avais le temps de gérer chaque chose en son temps. Je commençais aussi à me dire que pendant tout ce temps j'allais mener une vie quasi normale, que je n'étais pas 'malade', que je n'allais pas rester hospitalisée, ni être dans un fauteuil roulant.... que l'on allait m'enlever un sein, pas me couper une jambe ni une main.... je me disais tout cela en roulant, et en arrivant à Vauvert j'étais dans une autre état d'esprit, Dieu m'avait donné les forces nécessaires au moment qu'il a fallu pour faire face à ce qui m'arrivait.

             Alors a commencé toute une série d'examens : cardiographie, scintigraphie osseuse, un IRM des organes vitaux qui ont montré qu'il n'y avait pas de métastases ailleurs. Pendant ce temps j'avais annoncé la nouvelle à mes enfants et à mon entourage, mes amis, les frères et soeurs du temple Protestant que je fréquente - je savais qu'ils priaient pour moi. J'avais retrouvé la joie, la paix dans mon coeur, et l'assurance que le Seigneur était avec moi dans cette épreuve. D'ailleurs je me rappelle d'avoir dit à quelqu'un que c'était une nouvelle aventure qui commençait avec le Seigneur.

             L'opération s'est très bien passé. Je pensais que j'allais être seule dans une chambre, mais il n'y avait plus de chambre simple disponible, chose pour laquelle j'étais finalement reconnaissante, parce que je me suis très bien entendue avec ma voisine de chambre. C'était agréable de partager ces moments avec quelqu'un qui passait par la même épreuve, en plus elle m'a donné des conseils et des renseignements qui m'ont été bien utiles par la suite.

             Je suis rentrée à l'hôpital le mardi, on m'a opéré le mercredi et je suis sortie le vendredi. Je remercie Dieu, parce qu'à aucun moment je n'ai eu mal ou souffert après l'opération et le lendemain déjà j'ai pu me tenir assise dans le fauteuil à côté du lit. Mais j'appréhendais le moment où l'infirmière allait enlever le pansement, je ne savais pas à quoi m'attendre, comment j'allais réagir. J'ai à peine osé regardé la plaie, mais quand j'ai vu l'incision, j'ai dit : « C'est beau! » Le chirurgien avait fait un travail remarquable. Je remercie le Seigneur pour cela. Je n'ai jamais été gêné par le fait qu'il me manquait un sein...

                Quand j'ai revu l'oncologue il m'a dit que j'allais commencer les séances de chimiothérapie fin juin. Vu qu'il n'y avait pas de métastases ailleurs et que le mal était enlevé, on me faisait une cure de chimiothérapie par précaution. Il m'a prévenu que j'allais perdre mes cheveux environ deux semaines après la première séance. Si j'ai bien vécu l'opération, par contre perdre mes cheveux était pour moi une étape très difficile. Mais là encore le Seigneur a mis sur ma route les bonnes personnes au bon moment et on m'a indiqué un endroit où j'étais bien conseillé et j'ai trouvé une perruque qui m'allait bien et que je supportais bien – j'avais à plusieurs reprises entendu des femmes dire qu'elles avaient acheté une perruque mais qu'elles ne l'avaient jamais mise parce qu'elles ne la supportaient pas. Grâce à une groupe d'amies qui ont fait une collecte à mon insu j'ai pu acheter une perruque d'une très bonne qualité.

                  Depuis le début de cette épreuve j'ai été encouragée par plusieurs versets bibliques, mais il y en a deux en particulier qui sont restés avec moi. Le premier est ' C'est l'esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie.' (Jean 6:63) et quelques temps après je suis tombée sur un autre verset 'L'esprit de l'homme le soutient dans la maladie, mais l'esprit abattu, qui le relèvera?' (Prov. 18:14). J'ai longtemps médité sur ces deux versets qui m'ont beaucoup aidée dans les moments difficiles. Ces deux versets nous parlent de l'esprit et la chair et ils nous disent clairement que ce sont deux parties distinctes de l'homme. Pendant ces moments j'ai vraiment pris conscience de la faiblesse, la décrépitude de ma chair, qui passera un jour, mais mon esprit vivra éternellement. Nous nous occupons de notre corps – nous le nourrissons, nous en prenons soin, nous passons du temps pour l'embellir, mais notre esprit? C'est par la prière, la lecture de la Parole et par la communion fraternelle que nous devons le nourrir afin que dans le moments difficiles, dans l'épreuve, la souffrance notre esprit puisse nous soutenir. Notre attitude positive agira alors sur notre corps d'une façon bénéfique. Dans Proverbes 4 v. 20 nous lisons ' Mon fils, soit attentif à mes paroles.... qu'elles ne s'éloignent pas de tes yeux; garde-les dans le fond de ton coeur; car c'est la vie pour ceux qui les trouvent, c'est la santé pour tout leur corps.'

             Beaucoup d'ouvrages ont été écrits sur le thème de la souffrance, mais je voudrais juste dire ici que je suis d'accord avec Philip Yancey qui dit dans son livre 'Dieu, où es-tu quand l'épreuve est là?' que la souffrance n'est pas une punition de la part de Dieu, ni forcément l'occasion pour nous de réfléchir sur ce que Dieu veut peut être nous dire, mais une occasion pour nous de nous rapprocher de Lui, d'approfondir notre relation avec Lui, d'arriver à un niveau supérieur de notre foi en Dieu. Notre attitude ne devrait pas être 'Pourquoi moi?' (s'interroger sur la cause), mais 'Comment est-ce que je vais réagir?' (notre réponse).  

             Nous trouvons plusieurs versets dans la Bible qui nous disent que nous allons connaître des épreuves. Dans Jacques 1:2-4 nous lisons '...regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves....', dans 1 Pierre 4:12-13 '….réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ....' et dans 1 Pierre 1:6-7 'C'est là ce qui fait votre joie, quoique maintenant, puisqu'il le faut, vous soyez attristés pour un peu de temps par diverses épreuves'.

             L'épreuve est l'occasion de se tourner vers Dieu. La personne qui souffre a un choix, se rebeller contre Dieu ou d'accepter l'épreuve comme une occasion de manifester sa joie. Dans Romains 5:3-5 nous lisons que notre souffrance produit de bonnes choses en nous, nous façonne pour devenir meilleur. Où est Dieu quand nous souffrons? Il est en nous.

             Je voudrais remercier tous ceux qui ont prié, et continuent à prier, pour moi. Je veux aussi remercier ceux qui m'ont envoyé des cartes, des textos, des mails d'encouragement, ceux qui m'ont appelée, ceux qui m'ont rendu visite, celles qui sont venues passer l'aspirateur chez moi quand je n'en avais pas la force, celle qui m'a aidée avec mon repassage, et pour toutes celles qui m'ont cuisiné de petits plats quand j'étais trop fatigué pour le faire. Je remercie le Seigneur pour une église qui prie, et qui met sa foi en action. Et je donne toute la gloire à Dieu pour son soutien, son amour, sa présence dans ma vie. Il est ma force et ma joie.